
La finance verte est une notion qui définit les actions et opérations financières en faveur du développement durable et qui se présente comme étant pertinente partout dans le monde. Cependant, le contexte et les niveaux d’avancées varient selon les régions. L’Europe et les États-Unis semblent dominer dans un secteur qui a encore des difficultés à se développer uniformément à travers le monde. Néanmoins, à l’instar de nombreuses solutions de demain, la finance verte nécessite une coopération au niveau mondial pour amorcer de vrais changements.
Une « géopolitique » de la finance verte
Depuis le Sommet de Rio en 1992 qui a mis en lumière les crises environnementales, de nouvelles stratégies financières ont été recherchées au niveau mondial pour améliorer notre empreinte énergétique. Ainsi, ce sont les obligations vertes (ou « green bonds ») émises pour financer la transition écologique qui ont véritablement initié la finance verte. Depuis, elle s’est élargie pour intégrer d’autres problématiques et l’on parle maintenant de finance durable ou « sustainable finance ».
Les pays développés ont été les premiers à agir. Les États-Unis ont notamment émis en 2001 le premier « green bond ». Depuis, c’est l’Europe qui semble être en avance sur ses partenaires mondiaux comme le démontre le schéma ci-dessous. En 2019, la banque européenne d’investissement décide même de ne plus financer les projets liés aux énergies fossiles.

Par ailleurs, les pays en développement qui possèdent des systèmes financiers moins avancés font face à des défis particuliers pour le financement de leurs priorités nationales de développement. En effet, leur secteur financier est souvent divisé avec d’une part un secteur bancaire privé puissant et d’autre part une économie informelle qui échappe à tout contrôle. En ce sens, la finance verte est une véritable opportunité pour ces nations puisqu’elle permettrait de développer des secteurs sains (PME, projets à caractère durable) et ainsi maintiendrait une stabilité, nécessaire au développement économique.
Donc un contexte de développement inégal à travers le monde, certaines régions semblent prennent des initiatives pour démocratiser au maximum la finance verte. C’est notamment le cas de l’Europe et de la France.
Paris, capitale de la finance verte ?
La France se rend progressivement compte des enjeux liés au développement durable. Ainsi, l’hexagone n’hésite pas à prendre des initiatives pour développer la finance verte et accélérer la transition écologique.
Tout d’abord, l’organisation de la COP 21 en 2015 et la portée mondiale des accords de Paris ont positionné le pays en leader de la transition énergétique.
Sur le secteur financier, la France est le premier émetteur de fonds verts mondiaux. Cette volonté gouvernementale d’allier prise de conscience et mise en œuvre d’actes concrets se retrouve aussi dans le secteur privé. Des stratégies d’exclusion du charbon s’appliquent déjà à plus de deux tiers des actifs gérés en France par des sociétés de gestion de portefeuille. Les grandes banques françaises sont désormais toutes dotées d’une politique volontariste de sortie du charbon : quatre d’entre elles figurent dans le top 10 mondial en matière de prêts verts et durables.
Ces actes s’inscrivent dans une politique plus large de neutralité carbone à l’horizon 2050 pour la France qui a la volonté claire de rayonner dans ce domaine et de construire un futur économique et financier plus durable.
Ainsi, il est indéniable de souligner que la finance verte se développe et s’insère dans un nombre croissant d’économies. Néanmoins, les avancées sont encore trop inégales pour parler d’une unité mondiale. Bien qu’il reste un long chemin à parcourir pour que la finance verte devienne un domaine crédible reconnu comme nécessaire par l’ensemble de la société française, nous pouvons tenter d’espérer que le pays se présente comme le moteur d’un changement financier et culturel mondial !
Gabriel Chapon / Pôle Salon de la Finance Responsable