
Alors que les investissements durables et responsables ne cessent de se multiplier ces dernières années, la réticence des gestionnaires d’actifs à transformer leur modèle tend à freiner cette nouvelle tendance pourtant en plein essor. En effet, les investissements responsables désignent la gestion d’actifs qui prennent en compte des critères extra-financiers, principalement le critère ESG, dans un investissement.
Dès lors, comment mener cette transition pour les gestionnaires d’actifs ? Ont-ils différents modèles d’investissements durables et responsables ? N’existe-t-il pas encore trop de facteurs jouant le rôle d’obstacle à une telle transition ?
- Une maturité différente des gestionnaires d’actifs
En 1920, le premier fond responsable a été créé par une église évangélique américaine qui voulait des fonds pour investir dans des entreprises qui n’étaient pas liées au tabac ou à l’alcool. Aujourd’hui, les mentalités ont suffisamment évolué pour pouvoir reconsidérer l’importance des fonds responsables.

Néanmoins, il y a des maturités différentes des gestionnaires d’actifs sur ce sujet. Encore aujourd’hui, nous retrouvons des entreprises avec une logique d’exclusion, plus ou moins semblable à celle de 1920. D’un autre côté, des entreprises commencent à se créer une expertise, un centre d’excellence en la matière qui passe notamment par des fonds labellisés ESG et des produits responsables. À ce stade, c’est une sous-partie entière de l’activité qui est dédiée à des fins durables. Les entreprises les plus avancées, quant à elles, adoptent une stratégie d’investissement complète qui inclus l’ESG dans la totalité de leurs activités.
2. Des obstacles encore trop importants
Tout d’abord, avant même de pouvoir entamer une quelconque transformation du modèle adopté, il faut comprendre chaque étape de la gestion d’actif afin de réussir à cibler comment inclure des fonds durables. L’étape est aussi cruciale que difficile. À noter, qu’il n’y a ni de régulation ni de norme sur l’ensemble de ces fonds. Plus encore, l’information n’est quasiment pas accessible. Elle n’est que très peu transparente. C’est au gestionnaire de faire ses recherches parmi les innombrables informations de mauvaises qualités. D’où la nécessité d’accompagner ce changement. De surcroît, si une transformation est envisagée, alors elle doit être pleinement réalisée puisque si elle n’intègre pas suffisamment les critères ESG, cela peut constituer une perte de revenu ainsi qu’un risque de ne pas attirer des jeunes talents, acteurs au premier plan du changement.

Brièvement, passer d’un gestionnaire d’actifs vers un modèle d’investissement durable et responsable ce n’est pas simplement inclure une démarche RSE. C’est changer la nature de l’entreprise au sein même de sa stratégie, de son organisation, de sa gouvernance. C’est un vrai projet d’entreprise qui jouera comme avantage compétitif à l’avenir.

Yohann Aron / Salon de la Finance