En amont de la COP26 qui se tiendra à Glasgow en novembre prochain, les Nations Unies ont drastiquement mis en évidence la nécessité de faire tendre nos activités financières vers des activités neutres en émissions. Cette démarche vers la transition énergétique a été soutenue par la mise en place d’une nouvelle alliance financière pour des émissions nettes zéro. Insufflée par les Nations Unies et de nombreux acteurs financiers mondiaux, cette alliance marque fermement la volonté des institutions à agir en faveur de la protection de l’environnement tout en conservant et maintenant à flot les activités financières mondiales.

La GFANZ, qu’est-ce que c’est ?

La GFANZ, signifiant Glasgow Financial Alliance for Net Zero, est la nouvelle alliance mondiale qui rassemble toutes les initiatives existantes et nouvelles en termes de financement zéro émissions. Faisant référence à la COP26 qui se déroulera à Glasgow dans trois mois, cette alliance a pour objectif de constituer un forum œuvrant à la coordination stratégique entre les dirigeants des institutions financières de l’ensemble du secteur financier afin d’accélérer la transition vers une économie nette zéro.

D’après Mark Carney, l’Envoyé spécial des Nations Unies pour l’action et le financement en faveur du climat, cette alliance est « la percée dans l’intégration du financement climatique dont le monde a besoin. […] Plus fondamentalement, la GFANZ agira en tant que forum stratégique pour garantir que le système financier travaille ensemble pour élargir, approfondir et accélérer la transition vers une économie nette zéro. ».

Comment fonctionne-t-elle ?

Une fois membre de cette alliance, tous les signataires doivent mettre en place des objectifs intermédiaires et à long terme pour atteindre l’objectif de zéro émission d’ici 2050. Pour satisfaire pleinement leurs objectifs, des plans d’actions doivent être mis en place par les membres.

Cependant, cet objectif collectif de zéro émission d’ici 2050 et de ceux relatifs à l’Accord de Paris ne sont pas sans coûts. Ils sont estimés à des milliers de milliards de dollars.

Pour parvenir à cet objectif commun, la GFANZ va devoir mettre en place de nombreuses actions telles que :

•    Élargir la campagne existante du secteur financier de l’Objectif Zéro afin d’établir des engagements crédibles de zéro émission couvrant toutes les activités financées dans tous les secteurs du système financier.
•    Augmenter le nombre d’institutions financières ayant des engagements ambitieux, crédibles et transparents pour financer la transition vers le zéro émission.
•    Veiller à ce que les engagements soient soutenus par des objectifs intermédiaires (2030 ou plus tôt), ainsi que par des plans de transition solides, compatibles avec une augmentation de 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels, comme l’exige le programme Objectif Zéro.
•    Coordonner les engagements et les actions dans l’ensemble du système financier pour soutenir la transition à l’échelle de l’économie, y compris les outils d’analyse essentiels et l’infrastructure du marché (tels que les agences de notation, les auditeurs et les bourses) pour que les institutions financières puissent mettre en œuvre leurs stratégies nettes zéro.
•    Soutenir la collaboration technique sur les questions de fonds et les questions transversales qui accéléreront l’alignement des investissements et des prêts sur le principe du zéro émission.
•    Plaider en faveur d’une politique publique qui soutient la transition vers le net zéro à l’échelle de l’économie.

En parallèle de cette alliance, une autre alliance, 100% dirigée par des banques, a vu le jour

En avril dernier, une autre alliance a été mise en place. Contrairement à la GFANZ, cette nouvelle alliance est une alliance entièrement bancaire. Composée de 43 grandes banques mondiales, elle porte le nom de NZBA (Net-Zero Banking Alliance). Comme la GFANZ, la NZBA a pour objectif de faire converger les performances économiques du secteur bancaire vers les objectifs de l’Accord de Paris.

Lancée par l’Initiative Financière du Programme des Nations Unies pour l’environnement (UNEP FI), le groupe de travail sur les services financiers (FSTF) de l’Initiative des marchés durables du Prince de Galles (SMI), la NZBA rejoint trois initiatives déjà existantes qui sont la Net-Zero Asset Owner Alliance organisée par l’ONU (convoquée conjointement par l’UNEP FI et les Principes pour l’investissement responsable), la Net Zero Asset Managers Initiative et la Paris Aligned Investor Initiative. Aujourd’hui, les 37 membres de la Net-Zero Asset Owner Alliance rassemblent plus de 5,7 billions de dollars d’actifs sous gestion et ont fait preuve d’un solide leadership dès le début en fixant déjà des objectifs pour 2025.

Ainsi, toutes les banques signataires s’engagent à diverses obligations comme la publication annuelle des émissions et de leurs évolutions selon les objectifs fixés par chaque banque, la mise en place d’objectifs pour verdir leurs portefeuilles de prêts et d’investissements ou encore le suivi régulier de leurs actions visant à soutenir la transition énergétique et la décarbonisation de leurs clients.

Des alliances qui stimulent les assureurs et réassureurs à faire de même

Face à la multiplication des alliances à objectif zéro émissions, c’est au tour des assureurs et réassureurs mondiaux de mettre en place leur propre alliance. Nommée Net-Zero Insurance Alliance (NZIA), cette alliance est en cours de création par sept entreprises (AXA, Allianz, Aviva, Munich Re, SCOR, Swiss Re et Zurich Insurance Group) et devrait voir le jour lors de la COP26.

« En cette année critique pour le climat et la nature, ces alliances témoignent du haut niveau d’engagement et d’ambition que le monde exige de la part du secteur financier. L’objectif final est une transition nette zéro de l’économie en ligne avec la science. Rien de moins. Des actions immédiates, transparentes et responsables sous-tendent ces engagements, et nous encourageons toutes les institutions financières à suivre leurs pairs en s’engageant à réaliser la réduction drastique des émissions nécessaire au cours de la prochaine décennie si nous voulons réussir à limiter la hausse de la température mondiale à 1,5°C. » a déclaré Inger Andersen, directrice du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE).

Amandine Saint Loup / Salon de la Finance