Le constat est unanime, la crise environnementale et climatique actuelle met en exergue la nécessité d’user de la finance responsable dans nos activités économiques en faveur de la transition écologique. D’après des simulations réalisées par un groupe de scientifiques français, le réchauffement climatique sera plus dramatique que celui prévu par le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) en 2014. En effet, le pire scénario indique une hausse de la température moyenne à la surface du globe à environ 7° d’ici 2100. Cependant, ce chiffre est bien en deçà de celui convenu lors des Accords des Paris, signés par 196 pays signataires en 2015, dont l’objectif est commun : maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C d’ici 2050.
Financer de manière responsable et consciencieuse à l’égard de l’environnement n’est donc plus une option. Selon l’Association Française de la Gestion Financière, en 2019 le nombre d’encours relatif à la gestion Investissement Responsable était 40% supérieur à celui de 2017 (1 458 milliards en 2018 contre 1 081 en 2017). Si les acteurs économiques intègrent de plus en plus les critères ESG dans leurs investissements, qu’en est-il des institutions supérieures telle que l’Union Européenne ?
- Les mesures prises par l’Union Européenne en faveur de la transition écologique
La signature des Accords de Paris a marqué la conviction et l’envie de 196 pays de faire converger leurs investissements et activités économiques vers des sources de financement plus respectueuses de l’environnement. Parmi les pays signataires, les pays européens se montrent fortement impliqués. D’après une étude publiée en août 2019 par Morningstar, une entreprise américaine de gestion d’actifs, l’Union Européenne détenait 595 milliards d’euros en fonds durables fin juin 2019. C’est 20,5% de plus qu’en fin 2018.
Lors du One Planet Summit en décembre 2017, le Network for Greening the Financial System, une collaboration de régulateurs sur la Finance Responsable constituée de 36 banques centrales mondiales a mis en avant le fait que le secteur financier devait s’impliquer davantage dans la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris. Ensemble, ils ont mis en avant quatre recommandations que les banques centrales se devaient de respecter :
- Intégrer les risques liés au climat dans le suivi de la stabilité financière et la micro-supervision ;
- Intégrer les facteurs de durabilité dans la gestion des portefeuilles ;
- Partager et rendre publiques les informations pertinentes pour l’évaluation du risque climatique dans l’objectif de combler les lacunes relatives aux données disponibles ;
- Encourager une collaboration entre les banques centrales, les autorités de contrôle et les institutions financières.
En 2018, la Commission Européenne a lancé un plan d’action pour une finance durable. Ce plan d’action recensait de nombreux objectifs tels que réorienter les flux de capitaux vers une économie plus responsable, intégrer la durabilité dans la gestion des risques et de favoriser la transparence et les investissements durables. A ces objectifs s’ajoutent des actions telles que la réalisation d’un dictionnaire des activités vertes pour faciliter l’identification des domaines durables par les investisseurs, la prise de connaissance de ta Taxinomie, la création de labels et standards pour les produits financiers verts ou encore l’incitation à la transparence des informations financières des entreprises.
- Lancement du premier Green bond de l’Union Européenne
Lundi dernier, l’Union Européenne a mandaté les banques BofA Securities, Crédit Agricole, Deutsche Bank, Nomura et TD Securities afin d’émettre son premier emprunt obligataire vert. Ce premier Green bond émit par l’UE arrivera à échéance en février 2037 et a attiré plus de 135 milliards d’euros d’ordres d’investisseurs. A l’origine, ce Green bond devait permettre de lever 12 milliards d’euros. Cette énorme différence entre ce qui était prévu de lever et ce qui a été levé représente le plus haut niveau de demandes jamais recensé pour un emprunt vert puisqu’il est très largement supérieur à l’emprunt réalisé par la Grande-Bretagne le mois dernier qui s’est chiffré à 11,8 milliards d’euros (10 milliards de livres sterling).
Les fonds levés par ce Green bond serviront exclusivement à l’UE à financer des projets liés à la transition écologique. Cela passera par le biais de financements au développement des énergies renouvelables ou encore à la mise en place de transports à faibles émissions.
Avant cette émission, la France était le principal acteur ayant émis des Green bonds. En effet, depuis 2017, la France avait émis 35 milliards d’euros de Green bonds. C’est 50% de plus que l’Allemagne. D’ici quelques années, Bruxelles devrait devenir le plus gros émetteur mondial de titres verts grâce à son plan de relance Next Generation. A travers ce plan de relance, Bruxelles prévoit d’émettre entre 750 et 800 milliards d’euros de dette d’ici 2026 dont 250 milliards sous forme de Green bonds.

« L’UE devenant le plus gros émetteur d’obligations vertes au monde et, étant donné que plusieurs Etats membres ont émis leurs propres obligations vertes, le segment souverain gagne rapidement en importance au sein du marché des obligations vertes. Si les pays émettent des obligations à maturités plus longues, ceci pourrait augmenter la sensibilité du marché des obligations vertes à la hausse des taux d’intérêt », prévient un spécialiste de NN Investment Partners.
- Qu’en retenir ?
La transition écologique est aujourd’hui inévitable pour le bien futur des économies mondiales. Pour y parvenir, les acteurs économiques font de plus en plus appel à la Finance Responsable. Jusqu’à présent, les pays émettaient des Green bonds dans le but de financer leur transition écologique mais depuis lundi dernier, l’Union Européenne a elle aussi lancé son emprunt obligataire vert qui a d’ailleurs eu un grand succès auprès des investisseurs. La prochaine émission de Green bonds de la part de l’Union Européenne devrait être réalisée avant mars 2022.
Amandine Saint Loup / Salon de la Finance