Les effets pervers de la mondialisation sur notre planète sont aujourd’hui vecteurs de dégâts environnementaux indéniables. Dans un monde où la demande croît de manière effrénée, la finance durable se voit de plus en plus mise en exergue afin de mettre en corrélation les résultats économiques des entreprises et des investisseurs aux objectifs environnementaux fixés lors de la COP 21. En orientant les flux financiers publics et privés vers des activités plus respectueuses de nos ressources vitales, la finance durable est applicable sur tous les secteurs d’activités y compris le plus polluant : les transports.

Provenance et acteurs de cette finance durable

Relevant de l’investissement socialement responsable (ISR), la finance durable n’admet pas de réelle date de création. Cependant, elle évolue continuellement avec les sociétés. Actuellement, tous les agents économiques sont à même d’user de cette finance responsable afin de soutenir financièrement voire de financer personnellement des projets et/ou des entreprises. Les institutions financières ainsi que les divers labels (le label ISR étant le plus connu) permettent aux investisseurs ainsi qu’aux entreprises de guider leurs flux financiers vers des modèles plus sains pour l’environnement et, in fine, pour l’humanité.

Quels rapports entretiennent le secteur des transports et la finance durable ?

La mondialisation a considérablement accéléré les échanges commerciaux mondiaux. Aujourd’hui, 90% du commerce mondial s’effectue par voie maritime. En guise d’illustration, le trafic du Canal de Suez devrait atteindre 35 400 navires par an dès 2023. Mais ce n’est pas tout, les vols aériens admettent également des chiffres records avec près de 4 milliards de voyageurs par an. Enfin, au 1er janvier 2020, ce sont 38,2 millions de voitures en circulation qui ont été recensées sur le territoire français.

Ces chiffres mettent donc en avant l’utilisation abusive des moyens de transport souvent peu respectueux de l’environnement.

Mais alors, à quel moment intervient la finance durable ?

La finance durable intervient dès lors qu’une activité économique ne peut réduire ses prestations au vu de la demande mais qu’elle souhaite, voire qu’elle est contrainte par des lois ou des normes, réduire son impact environnemental. Par exemple, le financement d’investissements visant à électrifier des moyens de transport tels que des camions ou des voitures est une forme de finance durable. En lançant un SUV 100% électrique en mars dernier, Volvo a participé à cette transition écologique et énergétique. C’est donc une forme de finance durable dont a usé Volvo afin de mettre au point son XC40 Recharge Twin.

Interventions de l’Etat et dispositifs mis en place pour inciter voire contraindre les agents économiques à être acteur de cette transition écologique et énergétique par le biais de la finance durable

Même si la transition écologique et énergétique est inévitable, elle est économiquement lourde pour les agents économiques. Certains ne disposent pas des fonds nécessaires pour la supporter ou simplement la soutenir, d’autres y sont réticents. D’après le journal économique italien II Sole 24 Ore, la voiture électrique demanderait 225 milliards d’euros d’investissements de la part des constructeurs automobiles d’ici 2023. C’est la raison pour laquelle l’Etat a tout intérêt à imposer et soutenir l’utilisation de financements durables. Pour faire écho aux voitures électriques, il est indéniable que le coût d’achat d’un véhicule électrique est plus conséquent qu’un véhicule diesel. C’est pourquoi, l’Etat a mis en place des primes telle que la prime à la conversion ou encore le bonus écologique, pouvant atteindre 27% du prix d’achat de la voiture électrique, afin d’inciter les utilisateurs de ce mode de transport à investir de manière durable dans une nouvelle voiture.

Les institutions financières ont également leur rôle à jouer. Bpifrance, filiale de la Caisse des dépôts, a lancé un fonds d’investissement doté de 100 millions d’euros, dédié aux PME et petites Entreprises de taille intermédiaires (ETI), avec des enveloppes allant de 500.000 à 6 millions d’euros selon les dossiers.

En 2017, la Commission Européenne et la Banque Européenne de l’Investissement avaient mis en place un nouvel outil de financement de projets de transport efficaces et respectueux de l’environnement, baptisé CEF Transport Blending Facility (CEF pour Connecting Europe Facility, et blending renvoyant au mélange de fonds publics et privés). Une nouvelle tranche budgétaire de 200 M€ vient de lui être allouée par l’UE, qui servira en premier lieu à promouvoir l’investissement dans le Système de Gestion du Trafic Ferroviaire Européen (ERTMS), ainsi qu’à développer des infrastructures destinées aux « carburants alternatifs ». Soutenu par plusieurs banques nationales de promotion et par des investisseurs privés, ce projet s’inscrit dans la politique européenne de digitalisation et de décarbonisation du transport. En 2018, la BEI a investi quelque 8,4 Md€ dans divers projets de transport en Europe.

Dans un contexte où la dégradation de l’environnement devient conséquente et où les activités économiques ne cessent de se multiplier, l’enjeu est d’orienter les capitaux mondiaux vers la finance durable. Malgré un retour sur investissement axé sur le long terme, la finance durable ne peut être ignorée par les acteurs économiques. En incitant, expliquant et soutenant l’investissement durable, la règlementation doit décourager les investissements dans les industries polluantes afin de respecter les objectifs prescrits lors de la COP 21.

Amandine Saint Loup / Salon de la Finance Responsable