Suite aux différentes mesures prises par les Banques centrales pour stopper ou ralentir l’inflation, rien ne semble pouvoir enrayer le cercle inflationniste global. C’est alors pourquoi, les banques centrales prennent des mesures radicales et remontent les taux de manière brutale et à des niveaux jamais vu jusque-là. Tous ces événements de contexte, rappellent de mauvais souvenirs à la BCE, ceux de la « crise de la zone euro » de 2011.
Cependant, sommes-nous exactement dans le même contexte ? la situation est-elle aussi inquiétante qu’en 2011 ?
I) La crise de 2011 : sommes-nous dans un scénario similaire ?
Lors de l’année 2011, les États européens réputés moins solides ont vu leur taux d’emprunt littéralement s’envoler. Cela aura alors pour effet de provoquer un krach obligataire aux funestes conséquences sur les banques, dans la mesure où elles portent à leur bilan les dettes souveraines des États.
Énormément d’actions ont été mises en place par les institutions pour tenter de couper ce lien entre risque souverain et bancaire. Mais au travers du spectre de la « fragmentation » (les écarts croissants entre les coûts d’emprunts des différents pays) ce lien est aujourd’hui de retour. En effet, le risque de « fragmentation » intervient dans un contexte particulier : lors de la remontée des taux.
Même si dans un premier temps cela peut s’avérer avantageux pour les banques dans la mesure où elles pourront prêter tout en bénéficiant d’une marge plus importante, cela va de pair avec l’inflation et dont potentiellement, une baisse de la demande d’emprunt.
« L’inflation est bonne pour les banques, mais jusqu’à un certain point : il ne faut pas qu’elle soit trop brutale, ni qu’elle occasionne un ralentissement trop sévère de l’économie » affirme Elie Farah, associé au cabinet Oliver Wyman.
Cette forte remontée des taux en lien avec une forte inflation dans la zone euro rappelle de mauvais souvenirs de 2011 à la BCE ainsi qu’à tous les secteurs d’activités.
Cependant, il convient de s’intéresser à la gravité de la situation. En effet, sommes-nous exactement dans le même contexte ou y-a-t ’il tout de même quelques différences ? La situation est-elle alors tout aussi inquiétante que lors de la crise de 2011 ?
II) La situation est-elle aussi inquiétante qu’en 2011 ?
Tout d’abord, même si la situation que traversent actuellement les pays ressemble fortement à celles des pays de la zone euro lors de la crise de 2011, la situation est tout de même différente, ce qui a un impact direct sur les conséquences.
« En 2011, le problème était en fait moins un problème de la dette que d’imperfections institutionnelles en Europe, tant au niveau de l’Union européenne, que de la BCE, notamment sur l’aide entre pays » affirme Frederik Ducrozet.
En effet, des enseignements ont été tirés depuis la précédente crise ; l’OMT (mécanisme d’opération sur titre) mis en place en 2012 constitue une assurance que la BCE peut sauver un État.
« L’union bancaire a aussi permis de réduire fortement le cercle vicieux qui liait dette d’Etat et santé des banques du pays, et qui a servi d’accélérateur à la crise de 2011 » affirme Stéphane Déo.
Également depuis 2021, l’Union européenne a mis au point un « embryon » de dette commune, qui pourrait être développé afin d’être en capacité de pouvoir financer un pays qui se trouve dans une situation financière critique.
Cependant, la remontée des taux actuel à un niveau record de la BCE pourrait faire peser une hausse du coût de la dette sur la solvabilité des Etats, ce qui commence déjà à inquiéter les investisseurs. « La crise souveraine de 2011-2012 nous a appris que les marchés sont prompts à extrapoler à partir des évolutions macroéconomiques récentes et à modifier leur point de vue sur la soutenabilité de la dette » avertit Gilles Moëc, de chez AXA IM.
Il est alors impératif que la BCE communique clairement l’objet de ses actions, notamment sur son mécanisme anti-fragmentation, censé contenir la hausse injustifiée de certains des taux souverains.
Pour conclure, même si nous retrouvons quelques éléments de contexte de la crise de la zone euro de 2011 aujourd’hui, les institutions européennes semblent avoir tirées les leçons de cette crise, en améliorant la pertinence de leurs institutions afin de pouvoir sauver financièrement un État au besoin. Cependant, certains investisseurs semblent critiquer la communication de la BCE sur ces différents mécanismes, et exigent plus de clarté dans ses déclarations.
Même si le contexte actuel semble être mieux maîtrisé que l’épisode de 2011, il convient pour les régulateurs de faire preuve de la plus grande vigilance possible.
Source :
– Le Spectre de la crise de la zone euro revient ganter les marchés. Les Echos
– Pour les banques, le souvenir de la crise de la zone euro ressurgit. Les Echos