À l’heure où la protection de l’environnement devient une cause mondiale et où le réchauffement climatique occupe les débats de société, la question du greenwashing se pose. Elle n’épargne personne y compris le secteur de la finance responsable. Pour rappel, le greenwashing (éco-blanchiment en français) est une méthode marketing qui consiste à donner une image éco-responsable d’une entreprise assez éloignée de la réalité.

Aujourd’hui, je constate que le monde de la finance responsable est impacté par cette image de « greenwashing » souvent à tort. Pour beaucoup, la finance et l’écologie ne peuvent pas cohabiter. La finance dite « durable », appelée aussi finance responsable, serait alors une farce des instituts financiers dans le but de promouvoir leurs activités « pas forcément responsables » tout en gardant une bonne image. Ce raisonnement se base sur des stéréotypes de la finance et lorsque on y regarde de plus près, on se rend compte qu’il est éloigné de la réalité.

En effet, la finance joue un rôle de premier plan dans la transition écologique. Il y’a de cela deux mois, 8 autorités de régulations françaises dont l’AMF, l’Autorité des Marchés Financiers, ont fait de l’urgence climatique une de leur priorité. C’est ainsi que le secteur financier s’engage vers une « économie bas-carbone ».

Les green bonds, ou obligations vertes, ont été la première étape de cette transition. En 2018, c’était 167 milliards de dollars alloués à financer uniquement des projets verts (comme des énergies renouvelables, véhicules propres, projets anti-pollution, …). Constat d’une forte prise de conscience, ces green bonds représentaient un marché de 255 milliards de dollars d’actifs en 2019 soit une augmentation de 53%. Et la tendance devrait se poursuivre en 2020 avec 350 à 400 milliards attendus. Reste encore à déterminer l’impact du Covid-19.

Les PRI : un acteur indispensable

Il faut ajouter à cela les PRI (Principes pour l’Investissement Responsable) qui s’organisent face au greenwashing. Lancés en 2006, ces PRI représentent actuellement 100 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion dans le monde. Face à un tel succès, des mesures ont été prises pour renforcer le contrôle et la transparence. Ainsi, les signataires doivent avoir une politique d’investissement responsable qui couvre plus de 50 % de leurs actifs avec des équipes spécialement dédiées.

Pour autant, ce n’est pas suffisant. À présent les sociétés de gestions se réclamant de la finance responsable sont soumises à une obligation d’information claire auprès de l’AMF. C’est ainsi que ces fonds doivent mentionner dans leur documentation des « objectifs mesurables » sur l’aspect extra-financier et démontrer que ceux-ci ont un effet « significatif » sur la planète. Bien que l’AMF reprenne certains critères du label ISR (label investissement socialement responsable) pour qualifier un fonds d’investissement « responsable », il n’en demeure pas moins que les critères de l’AMF ne remplacent pas les labels. De plus, les exigences de l’AMF pour définir un fond d’investissement responsable ne font pas intervenir d’organisations tierces, ce qui pourrait poser un problème de légitimité.

Enfin, un fond est autorisé à communiquer de façon centrale sur le financement de la transition écologique si cette fois, ce fond investit à hauteur de 75% dans des obligations vertes ou bien si le fond détient un label ISR.

Les limites

Pour autant, ces actions ne sont pas encore suffisantes. En effet selon Shareaction, une ONG faisant la promotion de l’investissement responsable, les six plus gros gestionnaires d’actifs au monde (comme Blackrock ou Goldman Sachs) ont tous des notes comprises entre D et E soit les plus mauvais élèves.

De plus, comme l’explique Jézabel Couppey-Soubeyran, « les grosses entreprises émettrices de CO2 pourraient plus tard être trainées en justice pour leur responsabilité dans le réchauffement climatique et donc embarquer les banques qui les financent ».

Conclusion 

Qu’il y ait encore quelques réticences face à l’efficience de la finance verte, je le conçois, il existe toujours un flou sur la valeur des labels attribués. D’ailleurs le fait qu’il n’y ait pas un label référence n’aide pas. De plus, il existera toujours des entreprises peu scrupuleuses de l’environnement qui joueront sur une image verte. Pour autant, qualifier la finance responsable dans son ensemble de pratiquer le greenwashing est absurde. L’évolution de la finance vers une économie bas carbone ainsi que l’intégration de filières « sustainable » dans la quasi-totalité des institutions financières montrent le contraire.

Quand aujourd’hui je vois des fonds entièrement dédiés à la finance responsable comme Mirova ou Sycomore, quand le gouvernement développe des « programmes d’investissement d’avenir » dédiés à la finance durable et quand des étudiants organisent un salon consacré à la finance responsable à Marseille, je suis optimiste pour le futur de la finance responsable.

Benjamin Laufer – Membre de l’association COBFI

08/07/2020

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